Tu t'étais posée là, devant chez lui et commençais à remettre la fourrure de ton manteau en ordre. Tu devais être l’incarnation même de la beauté, comme d’habitude. Tu t’élanças finalement, toute serres dehors, vers la porte de ta future victime.
Tu toques et c’est un visage féminin qui te souhaite la bienvenue. Tu souris doucement.
“Bonjour Madame, j’ai entendu dire que votre fils était revenu a St-Cley ! Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, ça serait possible de lui parler quelques minutes ? “
Ta voix est excitée, tu as TANT de choses à lui demander, à lui dire, à lui soutirer. Tu n’as qu’une envie, le voir. Pourtant vous n’avez jamais été très proches avec Louie. Les seuls souvenirs que tu as en commun avec lui sont sûrement ceux de l'école primaire où vous étiez dans la même classe et puis c’est tout. Mais pour une raison inconnue tu n’arrivais pas à lui mettre le grappin dessus depuis son retour dans le village et cela avait le don de te mettre en boule, tu décida donc de prendre le taureau par les cornes et de venir le voir en direct.
La porte s’ouvre de nouveau et cette fois c’est un sourire carnassier qui étire les traits de ton visage.
“Salut, salut ! Alors comme ça tu fais trop la fête, ahaha !”
Tu rigole pour de vrai, tu voulais la sortir depuis longtemps celle-là. Tu te reprends quand même parce que ça serait bête qu’on te ferme la porte au nez et enchaîne sans lui laisser le temps de répondre.
“Non mais en vrai, c’est fou cette histoire, comment ça s’est passé ?”
Pas bien mieux mais tu t’en fiche, tu l’as enfin sous la main.
Le jeune homme s'était levé du mauvais pied, ce jour-là. Il avait mal, il souffrait, mais il n'osait pas le dire à ses parents - peur des reproches, peur d'une inquiétude étouffante qui n'aurait pas arrangé les choses, peur de quelque chose de plus grand, peur de perdre le reste de contrôle qu'il avait sur sa propre personne, peut-être. En un mot comme en mille, Louie se sentait misérable, ce jour-là. Ca n'allait pas aller en s'arrangeant, loin de là.
Les bruits contre de la porte le font se renfrogner. Super. En quelques minutes il se retrouve à la place de sa mère, devant l'entrée - et son estomac se tord. Naturellement. C'est Sophie. Sophie se tient devant lui et son sourire lui fait froid dans le dos. Louie la hait. Non mais, c'est comme ça. Pourtant il a bien essayé, d'être son ami, etc, etc. Mais ça ne fonctionne juste pas, et il a supposé qu'il n'aimerait jamais cette fille. Pourtant, il se force à être au moins aimable - pour que sa mère ne lui tombe pas dessus dès qu'il aurait refermé la porte.
Il n'y a aucune affection dans ses paroles, en même temps il n'a pas énormément envie de se forcer. Il est déjà irrité, Sophie n'arrange rien. La pique qu'elle lance, supposément une blague, ne le fait que se renfrogner : il fronce les sourcils, plisse les yeux. Qu'est-ce qu'il lui veut ? Ca s'éclaire soudainement, la harpie veut juste des détails croustillants sur l'affaire, peut-être qu'elle veut entendre sa version de l'histoire.
Ca aurait pu passer comme une plainte amusée, mais ça n'avait rien de drôle. Louie soupire, hésite à la laisser entrer, mais au final il se dit que ça ne ferait qu'empirer les choses - et que si cette peste de Sophie veut rentrer, eh bien elle ne va pas se faire prier.
Ah, elle est passée où, sa prétendue gentillesse ? Au placard, visiblement.
Il marque une pause, soupire encore.
Sa mère allait le défoncer si elle entendait ça.
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