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Alors Louie se baladait. Et il fallait dire, St Cley, c'était nul à chier. Il n'y avait rien à garder, même dans le centre historique, bon sang il les détestait tous ces connards. Tous ? Peut-être pas. Ses pas s'étaient arrêtés devant une maison, alors qu'il rentrait chez lui, penaud. Il observe les murs clairs, aurait presque l'impression que la maison le toise en retour. C'est une bâtisse on ne peut plus simple, mais elle n'est pas accueillante. Elle n'est pas rassurante, en fait; bien qu'il n'y ait rien d'effrayant, aucune gargouille sur la plomberie et aucune tête d'animal plantée sur la palissade, non, cette maison ne lui disait rien qui vaille. Et pourtant, et pourtant... Le nom sur la boîte aux lettres, il le connaissait, et s'il avait écouté sa timidité, il se serait tiré en courant.
Pourtant - le voilà en train de pousser le portillon (il fait semblant de ne pas avoir vu le mouvement à la fenêtre, il range ses mains dans les poches de sa doudoune, et il joue nerveusement avec les rebords de son paquet de clopes) et voilà, juste comme ça, il est devant la porte d'entrée et il sonne.
On lui ouvre presque immédiatement. Un homme, d'âge mur, qu'il ne reconnaît pas, et qui ne le reconnaît pas, et qui le toise - comme la maison.
L'homme se retourne sans un mot et le Andreas, y a quelqu'un à la porte pour toi résonne dans la maison. Et la porte d'entrée est refermée. Et Louie a l'air, mais d'un con. D'un parfait abruti. Il reste planté devant la porte, gêné. La porte se rouvre à nouveau, sur celui qu'il était venu voir.
andreas
445 mots
Mais c'est la voix de ton oncle qui te sort de tes pensées. Quelqu'un est venu. Quelqu'un est venu te voir ? Malgré toi ton cœur se serre en se disant que c'est peut-être tes parents, mais ils seraient déjà en train de discuter. Non, la silhouette que tu aperçois d'au dessus depuis les volets entrouverts de ta chambre ne t'ai pas vraiment familière.
Tu descends rapidement, parce que tu n'as pas envie de faire attendre quelqu'un dehors, contraire à ton abruti d'oncle de toute évidence, et réarrange vaguement tes cheveux avant d'ouvrir la porte. Le froid de novembre d'oblige à crisper un peu les orteils dans tes chaussettes épaisses, et tu fronces les sourcils en voyant un jeune homme sur le perron. C'est qui ?
Tu fais presque une projection astrale le temps d'associer ses traits à un souvenir précis, et pourtant le prénom ne veut pas revenir. C'était un gamin populaire à l'école ? Il te semble. Il te semble avoir sauvé son cul pendant une classe verte. Il faisait pas parti de ceux qui te piquaient ton goûté. Peut-être même qu'il t'avait défendu une fois ou deux. Et tu aurais aimé comprendre, te rappeler avant que la voix nasillarde de ta tante balance un petit Ha, c'est le gamin Dzemael ? Mais qu'est-ce qu'il fiche ici. Louie. Louie Dzemael, vous étiez à côté sur ta dernière photo de classe, vu qu'ils faisaient des doubles niveaux à l'époque.
Tu frottes nerveusement tes cheveux, c'est clair que t'es pris de court et que tu sais pas sociabiliser, mais tu recules un peu et ouvre un peu la porte.
Tu souris, un minimum engageant, ce sourire qui creuse tes fossettes et tu rougis un peu parce que tu sais pas aligner deux phrases sans rougir.
Le pauvre Louie passe par toutes les phases du deuil, il regarde Andreas et il espère qu'il comprend. Il espère ne pas avoir à repartir bredouille, ne pas avoir à se foutre la honte devant tout le monde et surtout devant les pauvres parents d'Andreas qui le regardent, là - quoique c'est peut-être pas les parents d'Andreas, ça lui paraîtrait bizarre, enfin, Andreas est... bref on s'en fout, il piétinerait presque sur place.
C'est pas qu'il pleut; il fait juste gris. Gris, moche, humide. Pas un temps à se balader, enfin, ça, s'ils n'étaient pas saint-clétois.
andreas
245 mots
En vrai, honnêtement ? Ça te met un peu mal à l'aise de voir Louie comme ça, parce que passer d'une vague discussion sur messenger à se voir en vrai et avoir un vrai échange, c'est tout un monde pour toi. Alors, tu n'as aucune idée de ce que tu es censé dire. Tu hoche doucement la tête, en lâchant son poignet pour enfiler ta veste et réajuster sa converse gauche, tu fais tes lacets à l'arrache contre le muret de l'allée.
T'aurais juste jamais eu les couilles de le faire de toi même quoi. Tu lui jettes un regard en coin, te demande de quoi vous allez bien pouvoir parler, mais d'un côté, vous n'avez pas forcément besoin de parler. Vous pourriez aussi simplement marcher tranquillement jusqu'au parc devant l'école et chill dans les jeux pour enfants, c'est ce que vous avez l'air prêts à faire, en tout cas.
Bah oui, forcément, il faut qu'il gâche tout en parlant de la météo.
Bon dieu que c'est moche, St Cley. Y a rien. Louie observe vaguement autour de lui; les cyprès dans les cours et les jardins, les oiseaux qui volent sans conviction là où Louie ne peut pas les voir, les gros nuages gris clair, presque blancs, aveuglants. S'il pleut, il se tue. Enfin. Spirituellement. Il replace ses mains dans ses poches, et il soupire. Ses pas font écho à ceux d'Andreas, bruits de gravier et de terre sous leurs chaussures. Au-delà de cela, il n'y a pas grand bruit dans les rues vides de St Cley. On entend vaguement une voiture, dans le lointain. Voire même deux. Mais rien de plus.
Il déteste quoi, exactement ? Présentement, Louie déteste tout, tout sur ce plan de l'existence, sauf peut-être Andreas, parce qu'Andreas n'a rien fait, et secrètement, il espère quand même qu'ils puissent devenir amis. Voire bons amis. Andreas a l'air vraiment cool. Ou il est juste beau. Et Louie n'a aucun problème, étrangement, avec son orientation sexuelle. Mais ça le regarde, hein.
andreas
308 mots
Silence, tu marques un temps d'arrêt avant de froncer les sourcils, comme frappé par une idée soudaine, ou un souvenir - ou un éclair.
C'était ta dernière année à Saint-Cley avant de partir en Chine, puis plus largement en voyage. L'idée même d'être passé à côté de plein de choses, peut-être même d'une amitié avec Louie te serrait le coeur. Tu aurais peut-être dû rester. Ok tu avais vécu bien des aventures, et tu avais grandi plus vite que les autres enfants, mais... Finalement, tu te retrouvais seul. Finalement, vous étiez un peu pareil, tous les deux. Tu le lâches des yeux un instant, le temps de regarder les façades grises des HLM d'à côté.
Mais des excuses t'en avais plein. Vous étiez des enfants, tu ne te sentais pas à la hauteur, tu avais plein de choses en tête, tu marchais à la recherche de tes origines. Et puis, finalement, tu avais oublié. C'était triste, ça n'avait rien d'extraordinaire, mais tu avais simplement oublié. Tu avais oublié Louie, et les enfants avec lesquels vous jouiez à l'école. Tu avais oublié le nom de tes professeurs, et pendant de longues années tu avais même oublié le visage de ton oncle et ta tante. Tu aurais bien aimé que cette partie là dure un peu plus.
Lui ne pouvait pas boire comme les autres, puisqu'il s'était déjà mis en tête de grimper tout en haut d'un arbre au hasard. Ce n'était peut-être pas plus mal, parce que de ce qu'il se souvient, tous ses amis étaient tombés malade ensuite, une gastro pas possible. Ce n'était pas plus mal, vraiment.
Il ne veut pas qu'Andreas n'ait pas gardé contact, notamment parce qu'il était persuadé qu'ils ne seraient pas restés amis bien longtemps à distance. Non, vraiment, c'était un coup de poker du destin qu'ils se retrouvent maintenant. Un très bon coup de poker.
Il rit, mais honnêtement, c'était un rire nerveux.
andreas
326 mots
C'est honnête, franc. C'est un petit éclat de toi que tu lui offres, comme ça, alors qu'il n'a rien demandé. T'as ce côté ingénu que d'aucuns trouvent stupides et que d'autres trouvent adorable. T'es juste transparent, plus transparent que tu ne voudrais l'être. Louie sera un bon ami, pas vrai ? Ce n'est même pas par intérêt que tu te le répètes. Tu pourrais, tu pourrais ne pas avoir la moindre envie de te retrouver seul dans ce bled de mort, avec ce couple que tu détestes. Mais non, la solitude tu t'y es plutôt bien accoutumé, et ça n'est pas grave, tu n'en souffres pas tant que ça. Tu n'en souffres pas. Alors, pourquoi t'accrocher à Louie comme ça ? Tu ne sais pas. C'est sans doute la seule bonne chose que tu as vu depuis que tu es revenu ici. Et Louie fait écho à une époque où - malgré ce que tu pourrais te dire - tout allait bien.
Loin des yeux, loin du cœur ? Ça ne marchait définitivement pas avec toi. T'aurais aimé retrouver l'alchimie que vous aviez enfant, lorsque vous n'étiez pas encore terminés, ni l'un ni l'autre, et qu'il faisait les 400 coups ... Et que tu suivais.
Tu désigne une balançoire où t'as fait tes meilleures imitations de Naruto et fronce les sourcils doucement en approchant. Tout te semblait immense à l'époque, et maintenant...
Ben merde, Dzemael. Qu'est-ce qu'il t'arrive. Il cligne des yeux deux fois, trois fois, et vient se poser en traviole sur la balançoire, observant Andreas d'en bas. Il l'écoute avec patience et attention, triture la corde de la balançoire.
Est-ce qu'il a un crush sur Andreas ? Ce serait un retournement de situation plutôt intéressant, mais pas forcément très pratique pour lui. Est-ce qu'Andreas... ouais, peut-être. C'est pas impossible, mais c'est pas sûr non plus. Il faut qu'il se calme, le pauvre Louie. Parce qu'ils viennent à peine de se retrouver, et franchement, qui voudrait d'un gros boloss comme lui ?
Ouais, il suppose. Ce serait mieux s'il se torturait pas l'esprit de la sorte, sûrement.
En même temps, ils n'avaient pas énormément discuté non plus.
andreas
290 mots
Tu répètes, doucement, comme pour gagner du temps, comme pour essayer de te donner une idée de quoi répondre. Mais il n'y a pas grand chose qui te vient au final, c'est con mais... Tu ne deviens rien de spécial, et tu ne te vois pas lui répondre ça. C'est vrai que vous n'aviez pas vraiment parlé de ta situation, tout juste de celle de Louie. Juste assez pour que tu saches pour l'accident, dans les grandes lignes.
Silence, tu considères l'idée de prendre des vacances pendant la coupure internet, mais jusqu'ici tu taffais encore sur l'avance que tu avais. Tu es plutôt anxieux en matière de cours, alors il faut que tu ais de l'avance sur les chapitres de cours.
Machinalement, ton regard qui balayait l'aire de jeu se pose sur Louie lorsque tu viens t'asseoir sur la deuxième balançoire, à ses côtés, et tu te mets à le détailler, pensivement.
Et puis finalement l'angoisse le reprend, il fronce les sourcils.
C'était en décembre pour lui aussi, non ?
Et puis bon, s'il avait le même secrétariat que lui à l'époque, c'était mort, il allait jamais pouvoir marchander, ce serait les rattrapages direct. Quelle merde...
C'était un plan sur la comète comme un autre, mais l'idée de partir en voyage improvisé avec Andreas lui plaisait bien, même si c'était pour que ce dernier passe ses partiels. Et puis, au final... Au final peut-être que ça lui ferait penser à autre chose.
andreas
294 mots
Il propose de t'accompagner à la fac et tu fronces doucement les sourcils avant de rire machinalement. Connaissant le secrétariat, s'ils te voyaient débarquer, ils ne te reconnaitraient même pas. Ils te balanceraient un sec Monsieur Lacroix, vous avez cours à distance, pas ici. Ou un truc du genre. Enfin.
T'étais pas certain d'avoir les économies pour, en fait t'étais même sûr que tu ne les avais pas. C'était pas comme si St-Cley était desservi en flixbus ou autres trucs du genre. Tu te balances un peu, très vaguement, avant de reposer les yeux sur Louie, et tu comprends enfin qu'il a juste putain d'envie de se barrer d'ici, ça te serre encore un peu à l'intérieur, tu fronces les sourcils et presque aussitôt ton regard se détend.
T'as rosi un peu, t'as l'air idiot, t'es juste timide, c'est stupide. Et puis, plus bas, tu murmures, en reposant tes yeux sur le gros pigeon.
Il rit un peu, les joues roses. Et puis la remarque d'Andreas le fait pâlir un peu, et il fronce les sourcils.
Est-ce qu'il avait la gueule d'un conseiller Bouygues ? Sérieusement.
Il avait envie d'apprendre à le connaître, vraiment.
andreas
261 mots
Tu sors de ta poche ta vieille gameboy pleine de marques de chute et la tend à Louie avec un haussement d'épaule, l'air un peu désintéressé mais évidemment que non, tu ne l'es pas. Au contraire.
Tu l'as sur toi parce que tu y as joué ce matin dans ton lit, puis tu as checké un livre pas ouf qui traînait dans la chambre où tu es logé. Tu marques un instant de silence avant de démarrer la console et rigole vaguement parce que putain la luminosité de la console est à chier et les pilles sans doute bientôt mortes. Tu tapotes ta propre épaule.
Il l'entraîne jusqu'au banc où ils se posent tous les deux, ils sont proches et il a les joues roses.
Il n'était pas un enfant très soigneux, enfin si, mais il a le souvenir de Sophie qui met ses sales pattes sur à peu près tout ses jouets. Pourquoi sa mère la laissait faire ? Probablement parce qu'elle préférait Sophie à Louie.
Il s'excite un peu trop, là, non ? Il sourit de plus belle, timide.
andreas
275 mots
Tu rigoles doucement, parce que ça t'impressionne, dans les souvenirs que tu t'étais forgé, Louie c'était ce gamin populaire et sportif, et tu n'imaginais pas que vous puissiez avoir de vrais points communs.
Oh. Vous pourriez jouer à des trucs, tes parents t'avaient inondé de jeux multijoueur, autant pour que tu te fasses des amis que pour que vous jouiez ensemble tous les trois. La pensée te serra immédiatement le cœur mais tu cherchas à la dégager de ta tête au plus vite.
Tu avais vraiment l'air content.
Silence, tu entrouvres la bouche avant de rire doucement, un petit rire léger.
Silence, tu baisses les yeux.
C'était une confession comme une autre, il était heureux de s'être apparemment fait un ami. Il... C'était juste trop bien. Il se rapproche un peu d'Andreas, leurs épaules se touchent, mais bon, il n'y fait pas énormément attention, non plus.
Il observe les nuages sombres et fronce un peu les sourcils.
Au pire, quoi. Ils vont faire la gueule que leur neveu ait une vie sociale ?
andreas
201 mots
Tu souris, le nez un peu rouge à cause de la fraicheur qui s'installe et du léger vent froid. Ouais, il a raison, il va pleuvoir sous peu, sûrement, mais bon, tu sais pas si tu veux vraiment aller chez Louie, parce qu'aller chez les gens ça te met toujours un peu mal à l'aise, et puis... Vu ce qu'il t'avait dit sur ses parents... Tu soupires doucement en regardant les nuages gris foncés et épais.
Tu aurais peut-être pas dû dire ça en particulier, parce que bon tu les faisais passer pour des gros cons mais c'était pas ta faute si c'était actuellement des gros cons, en fait. Tu extirpas ton téléphone de ta poche avant de pianoter rapidement dessus et de le lui tendre avec un sourire doux.
Oui parce que ça te semblait normal en fait. Est-ce qu'il allait trouver ça bizarre que t'ai mis son prénom avec un smiley feu, mais un rapide coup d'œil à tes contacts lui aurait fait comprendre que tu faisais ça pour tout le monde, pas vrai ? En tout cas, tu t'étais relevé comme un diable sortant de sa boîte en sentant la première goutte, rangeant ta console à l'arrache dans ta poche.
Il récupère précautionneusement le téléphone portable d'Andreas - s'offusque totalement en réalisant que l'appareil ne possède pas de coque, qu'est-ce que, pourquoi, comment, Andreas avait beaucoup moins peur de la mort qu'il n'y paraissait visiblement - et enregistre son numéro machinalement. Il s'amuse un peu en voyant le smiley à côté de son nom. S'amuse, puis corrige juste le s rajouté automatiquement à son prénom pour mettre un e à la place. Erreur de débutant, mais il ne pouvait pas lui en vouloir.
Louie se lève à son tour, toujours dans le sillage d'Andreas - il ne le savait pas encore, mais ça ne risquerait pas de changer avant longtemps, en fait il se retrouverait toujours à ses côtés au final - et retourne dans la direction de leurs maisons communes, observant le vent souffler dans les arbres au dessus de leurs têtes.
Il note, rouspétant. Il déteste cette région, et en même temps, eh bien, c'est sa région. Il tourne la tête vers Andreas et sourit, amusé.
Il lui tend à son tour son portable, ils s'arrêtent quelques minutes le temps qu'Andreas inscrive son numéro aussi. Il ne lui montre pas, mais il ajoute un coeur noir à côté de son prénom, un peu gêné, un peu honteux. Bon, quoi. Personne d'autre que lui ne verra ça de toutes façons.
andreas
Un léger silence, les joues rosies tu détournes le regard.
Ils avaient pas non plus voulu que tu dormes dans la chambre d'ami, l'idée c'était que tu te sentes vraiment mal à l'aise mais de sauver les apparences, tu supposais.
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