☍ contexte

Le réveil sonne, un peu brusque, à 6h04, et le temps de se tirer du lit, c'est déjà presque 6h09. Mais le rituel se lance sans accroc : première destination, la salle de bain, pour faire chauffer l'eau de la douche qui met si longtemps dans cet immeuble qui n'est certainement pas aux normes. Le temps que l'eau chauffe, ça laisse quelques minutes pour scroller sur Twitter. Ah, ce matin, ça met du temps à charger, tant pis, on regardera plus tard, c'est l'heure de se doucher.


Dans le métro, le matin, les écouteurs enfoncés dans les oreilles pour noyer la voix qui annonce les stations et la foule, c'est le meilleur moment pour voir s'il n'y a pas de nouvelles stories. Vite, portable sorti, en quelques tapotements du pouce, l'application s'ouvre, et l'on se demande en souriant si ce youtubeur qu'on aime bien mettra une nouvelle courte vidéo avec son chien, il est trop mignon... Ah, merde, ça charge pas, ça capte mal après tout, sous terre.


Journée pourrie, ça n'est pas si étonnant, et SFR doit encore s'amuser à brancher et débrancher leurs antennes 4G... Au moins, à la maison, il y a la fibre, et 4 autres ordinateurs dans le monde prêts à se connecter au même jeu pour enfin passer au Rank supérieur. La machine se lance presque sans bruit, l'écran s'allume, le jeu charge et... Comment ça, pas de connexion ? Sérieux ?


Le 28 novembre 2020, à partir de minuit,
internet ne fonctionne plus nulle part.


À SAINT-CLEY, petite ville perdue au milieu des champs, aucun des 8062 habitants ne remarque quoi que ce soit ce jour-là. Après tout, les coupures, c'est fréquent, ici. Quand on appelle les Fournisseurs d'Accès à Internet, impossible de les joindre, mais ce n'est pas si étonnant pour les saint-clétois, et un message vocal préenregistré assure le retour à la normale d'ici 48 heures.

Le lendemain, la télé déconne un peu, mais bon, qui regarde la télé ? Alors on cherche un DVD et on attend que ça passe.


C'est pas comme si ça allait durer, pas vrai ?